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Will Crummer et le trésor

de la boîte à chaussures

Avec sa voix de crooner à faire pâlir un Nat King Cole, Will Crummer fait partie de ces musiciens légendaires qui avaient été complètement oubliés pendant des décennies, à l’image du Buena Vista Social Club, des Cool Crooners ou des Jolly Boys. Ce vénérable papy, néo-zélandais d’adoption mais natif de Rarotonga, fut l’un des grands chantres de la musique polynésienne dans les années 1960 et n’avait rien enregistré depuis quarante ans. Son nouvel album, « Shoebox Lovesongs », qui fait déjà figure de classique, marque le retour d’un musicien dont le talent n’a d’égal que l’humilité.

Originaire du village de Turangi, à Rarotonga, Will Crummer n’a jamais oublié son enfance dans les îles Cook, la voix extraordinaire de sa mère qui couvrait, à l’église, celles de tous les autres paroissiens. Ces veillées nocturnes où, sur des instruments souvent bricolés, on se retrouvait à une dizaine dans un cadre paradisiaque pour égrener le répertoire traditionnel de la Polynésie. Will n’a pas non plus effacé de sa mémoire le gramophone de son grand-père, qui lui a fait découvrir les chansons d’un groupe légendaire, le Pokata Band. Ou l’avènement de la radio, qui crachotait les premières ritournelles des principaux crooners, qu’il s’agisse de Tim Reeves, Pat Boone ou Elvis Presley. Ainsi s’est peu à peu défini son style inimitable... 

Quitter Rarotonga pour une île plus grande
Dès son adolescence, le Rarotongais était un habitué des radio-crochets qu’il remportait invariablement, lui faisant peu à peu prendre conscience de son potentiel. Au début des années 1960, son instinct le pousse ainsi à élargir ses horizons, à quitter Rarotonga, cadre devenu trop étriqué, « pour une île plus grande ». La Nouvelle-Zélande l’accueille à bras ouverts. Sa carrière connaît alors un nouvel essor. Il se produit dans les cabarets les plus en vue de la scène polynésienne à Auckland : le Reefcomber ou l’Orange Ballroom. Ses premiers enregistrements datent de cette époque. Publiés sur l’étiquette Viking Records, l’EP « Rarotonga » est rapidement suivi par l’album « Romantic Rarotonga », en 1962. Puis, dès l’année suivante, un nouvel EP, « Cook islands magic », voit le jour, suivi à son tour d’un album, « Love songs of Polynesia ». Des disques sans cesse réédités jusqu’au milieu des années 1970 et qui font de lui une véritable légende d’un bout à l’autre du Pacifique. Will Crummer ira d’ailleurs se produire aussi bien à Tahiti qu’à Hawaii à l’époque.

Les chansons de la boîte à chaussures
Avant de quitter son village natal pour la Nouvelle-Zélande, Will Crummer se lance toutefois dans un titanesque chantier d’archivage. Il décide de transcrire, de sa belle plume, quelques centaines de chansons du répertoire oral ancien, « par peur qu’elles ne se perdent ». Placé dans une boîte à chaussures, ce trésor sommeillait sous son lit depuis plusieurs décennies, jusqu’à ce que son fils, David, lui-même musicien en Australie, l’invite un jour à son domicile en lui proposant « d’apporter quelques-unes de ses chansons ». Ainsi exhumés de la boîte à chaussures, les hymnes du Pacifique Sud, chants transmis de façon orale de génération en génération, connaissent une nouvelle vie. 
Produit par Nick Bollinger et Arthur Baysting, l’album « Shoebox Lovesongs » (littéralement « chansons d’amour de la boîte à chaussures »), voit finalement le jour en 2011 sur l’étiquette « Flowers of the heart ».

Sobriété de mise
Réalisé par le fameux Neil Baldock dans les non moins fameux studios Roundhead (de Neil Finn) à Auckland, le projet se cimente rapidement autour de collaborations plus enthousiasmantes les unes que les autres. On y voit notamment la fille de Will, Annie, elle-même star de la chanson néo-zélandaise – elle a notamment fait partie de la célèbre formation The Herbs et chanté sur un album de Enzso – y chanter en duo avec son père. On y remarque aussi, à la guitare lap steel, Stephen Jessup, du très populaire Wellington International Ukulele Orchestra, ainsi que les fameuses Yandall Sisters. Ou encore un quartet à cordes dirigé par le célèbre rocker néo-zélandais Don McGlashan. Si la musique des îles Cook se montre aujourd’hui très friande d’instrumentations modernes (synthés, boîtes à rythmes, guitares électriques), Will Crummer fait ici le pari d’un retour aux sources. La sobriété y est en effet de mise, et tous les amateurs de musique polynésienne y retrouveront l’ambiance des célèbres tamaaraas (fêtes tahitiennes) où interviennent seulement les instruments acoustiques : l’ukulele, bien entendu, mais aussi les guitares sèches, et les percussions polynésiennes parfois les plus insolites.
Le résultat est véritablement exceptionnel, ce qui fait de ce coffret un must pour tout amateur de musique polynésienne. Le CD est assorti d’un DVD documentaire, « Songs for a bigger island », qui retrace l’histoire du projet et comporte de nombreuses chansons filmées durant la session d’enregistrement.

La chanson "Aue Taku Tane" interprétée "live" par Will Crummer et sa fille Annie :

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Will Crummer

 

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